A suivre… [ Epsilon (ETX) ]
La sclérose en plaques pourrait être déclenchée par une toxine dans l’alimentation contaminée
Les derniers travaux d’une équipe new-yorkaise viennent conforter le nombre croissant d’arguments indiquant que la sclérose en plaques (SEP) pourrait être déclenchée par une toxine – la toxine epsilon (ETX) – produite par certaines souches de Clostridium perfringens, transmises peut-être par aliments contaminés. La toxine epsilon (ETX), produite par C. perfringens de type B et D, est considérée comme une toxine létale.
On ignore encore quel est le facteur déclencheur de la SEP, une maladie inflammatoire du SNC caractérisée par une perméabilité de la barrière hématoencéphalique (BHE) et une démyélinisation. Toutefois, Timothy Vartanian (Weill Cornell Medical College de New York) et son équipe ont découvert que les patients ayant une SEP active sont 10 fois plus immunoréactifs à l’ETX (sérum et LCR) comparé aux témoins sains. De plus, ils ont isolé chez une jeune patiente ayant une SEP active débutante une souche B de C. perfringens produisant l’ETX, une souche qui n’était pas connue pour infecter l’homme. Enfin il a été montré que l’ETX provoque une perméabilité de la BHE et se fixe à la myéline.
Elle tue les oligodendrocytes, producteurs de myéline
Dans cette nouvelle étude, Linden et coll. ont démontré que la toxine epsilon (ETX) tue les oligodendrocytes producteurs de myéline, et à long terme réduit leur nombre et la quantité de myéline. Des anticorps neutralisant l’ETX préviennent cette mort cellulaire et la perte de myéline. L’ETX cible également d’autres cellules associées à l’inflammation de la SEP, comme les cellules vasculaires de la rétine et les cellules méningées. Lorsqu’ils ont testé 37 échantillons alimentaires trouvés en supermarché, 14 % étaient positifs pour C. perfringens de type B et D, et 3 % contenaient le gène de l’ETX. L’ETX pourrait donc être transmise par des aliments contaminés, comme le poisson (poisson cru dans l’etude) et la viande (dans d’autres études).
Une piste vaccinale ?
Ces découvertes sont importantes car si la toxine epsilon se confirme être un déclencheur de la SEP, le développement d’un anticorps neutralisant ou d’un vaccin anti-ETX pourrait ralentir la progression de la maladie ou prévenir son apparition. « La prochaine étape sera de démontrer dans des études animales que la toxine epsilon cause bien des symptômes et des pathologies de type SEP. Nous réalisons de plus des études de vaccination », confie au « Quotidien » le Dr Jennifer Linden.
Dr Véronique Nguyen – ASM Biodefense and Emerging Diseases Research Meeting, Linden et coll., 29 janvier 2014{jcomments off}