Etude SEP : Clemastine : un premier pas vers la remyélinisation chez l’homme
Tandis que les médicaments actuellement disponibles pour la SEP permettent habituellement de bien contrôler la réponse inflammatoire, il n’existe pas de traitement disponible pour favoriser la réparation de la myéline qui permettrait d’éviter l’apparition d’un handicap à long terme.
L’équipe de Jonah Chan de l’université de San Francisco (USA) a mis au point un système biologique basé sur des microtubules autour desquels peuvent s’enrouler les cellules fabriquant la myéline : les oligodendrocytes. Cette équipe a ainsi pu tester grâce à ce système de microtubules les effets d’un grand nombre de molécules sur la myélinisation*.
Parmi 500 molécules testées, la clemastine, un anti-histaminique utilisé notamment aux Etats-Unis, favorisait la différenciation des oligodendrocytes et leur enroulement autour des microtubules.
L’équipe clinique de San Francisco (Ari Green et collaborateurs) a ensuite testé chez 50 patients atteints de SEP les effets sur la remyélinisation d’un traitement par clemastine**. 25 patients ont reçu la clemastine pendant 90 jours puis un placebo pendant 60 jours, tandis que les 25 autres patients ont reçu un placebo pendant 90 jours puis la clemastine pendant 60 jours). Les patients avaient tous une forme de SEP avec poussée, datant de moins de 15 ans, avec une atteinte au niveau du nerf optique (stable) telle que mesurée par les potentiels évoqués visuels, qui reflètent la rapidité de transmission du signal nerveux à travers le nerf optique.
Lors de la période de traitement par clemastine, il y a eu en moyenne une amélioration de la latence des potentiels évoqués visuels de 1,7 millisecondes, avec une très discrète amélioration des performances sur un test de reconnaissance de lettre (non significatif compte tenu du petit effectif de l’essai).
Ce type d’étude préliminaire chez un petit nombre de patients est indispensable pour apporter la « preuve de concept » de l’efficacité d’un traitement et ouvre la voie vers une étude plus large avec un suivi prolongé (étude de phase 3) qui permettra de déterminer l’efficacité clinique du traitement. La translation de travaux de recherche fondamentale vers un premier essai clinique concernant la remyélinisation est particulièrement encourageante. Les auteurs soulignent en conclusion que des travaux de recherche préclinique (dans des modèles expérimentaux) sont également nécessaires pour permettre de mieux comprendre le lien entre la remyélinisation et le traitement par clemastine.
*(étude publiée en 2014 dans le journal Nature Medicine)
**(Etude publiée le 10 octobre 2017 dans la revue The Lancet)
Rédaction : Dr Céline Louapre, neurologue chercheur – Hôpital de la Pitié salpêtrière, Paris