GNbAC1, un anticorps monoclonal en essai de phase II

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GNbAC1, un anticorps monoclonal humanisé en essai de phase II, sera présenté lors du 65ème congrès américain de neurologie

Depuis quelques années déjà, on se demande si l’apparition de la sclérose en plaques (SEP) ne pourrait pas être liée à certains virus. On invoque à ce propos un sous-groupe particulier de virus appelés «rétrovirus endogènes». Ces derniers font partie de notre génome mais restent le plus souvent inactifs – autrement dit, ils ne forment aucune protéine et ne se multiplient pas.

Ces dernières années, quelques groupes de chercheurs ont mis en évidence la présence plus marquée d’un rétrovirus endogène particulier (MSRV, rétrovirus associé à la sclérose en plaques) chez les patients atteints de SEP. Ce rétrovirus semble capable de produire une certaine protéine d’enveloppe (env Protein) retrouvée dans le sang et dans le cerveau des patients atteints de SEP. Dans le modèle animal de la SEP, on s’est aperçu qu’une administration supplémentaire de cette protéine d’enveloppe accentuait les symptômes chez les animaux.

Une activation préjudiciable du système immunitaire

La stimulation du système immunitaire induit par cette protéine d’enveloppe est l’une des hypothèses avancées pour la pathogenèse (déclenchement et déroulement) de la SEP. Cette protéine se lie à certains récepteurs à la surface des monocytes (cellules du système immunitaire qui circulent dans le sang) dont la fonction est de reconnaître des structures d’agents pathogènes – comme l’idioplasmedes virus ou les composants des parois des cellules bactériennes.
Une fois la protéine d’enveloppe liée à ces récepteurs, les monocytes sont stimulés. A leur tour, ils activent les lymphocytes T qui, à terme, endommagent le tissu cérébral. Une telle stimulation du système immunitaire pourrait, estime-t-on, influencer négativement l’évolution de la SEP.

Un autre mécanisme pathologique est également envisagé. Deux études ont en effet montré la présence du MSRV dans les lésions de SEP. Des études plus anciennes suggèrent par ailleurs que la protéine d’enveloppe pourrait avoir une influence néfaste sur les cellules précurseurs des oligodendrocytes, dont le rôle est essentiel dans la formation de la myéline.

Un anticorps protecteur et régulateur
La biotech GeNeuro a mis au point une nouvelle thérapie par anticorps qui tente de combattre ces mécanismes pathogènes.
L’anticorps fabriqué en laboratoire lie la protéine d’enveloppe du MSRV et inhibe son interaction avec les récepteurs des cellules immunitaires. La «stimulation excessive» du système immunitaire induite par la protéine d’enveloppe devrait ainsi être atténuée. L’anticorps n’ayant aucune influence directe sur la réponse immunitaire normale et s’attaquant uniquement à la stimulation excessive du système immunitaire par le MSRV, on espère qu’il ne perturbera pas les réponses immunitaires classiques contre virus et bactéries.

Il y a également l’espoir que ce traitement protège les cellules cérébrales responsables de la myélinisation. Testé auprès de sujets sains au cours d’une étude de phase I, l’anticorps a montré qu’il était bien toléré. Une étude de phase II est actuellement conduite par les cliniques universitaires neurologiques de Bâle et Genève pour tester une toute première fois le traitement chez des malades de SEP. Portant sur 10 sujets seulement, elle vise essentiellement à prouver que le traitement est sûr et bien toléré par les patients atteints de SEP. Si le profil de sécurité devait être confirmé également chez eux, une plus vaste étude de phase II serait alors conduite pour tester l’efficacité du traitement chez les patients atteints de SEP rémittente.

Comme pour chaque nouveau concept thérapeutique testé, les espoirs sont grands – tant chez les patients que chez les médecins traitants et entreprises à l’origine du traitement. L’histoire a cependant montré que l’on peut difficilement présager l’efficacité d’un traitement contre la SEP. De nombreuses hypothèses sont plausibles en théorie, s’avèrent efficaces dans le modèle animal et échouent dans la pratique clinique. En sera-t-il de même cette fois-ci? Seules les études cliniques pourront le dire.
Un premier pas pour clarifier la question a été fait avec cette première étude de phase II. Mais seul un programme d’étude détaillé et sur plusieurs années pourra apporter une réponse définitive.

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