Le Français Nicolas Campos, triathlète malgré la sclérose en plaques.

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En septembre prochain, Nicolas Campos disputera le Championnat du monde d’Half Ironman à Nice. Un moment unique pour ce Français, diagnostiqué de la sclérose en plaques en 2016.

Le Championnat du monde, le rendez-vous de sa vie.

« Souvent, au moment de me coucher, je me dis que je ne pourrais peut-être plus marcher à mon réveil ». Depuis 2016, l’année où il a été diagnostiqué de la sclérose en plaques, Nicolas Campos avance masqué. Pour lui, l’inconnue fait peur. Pourtant, et aussi surprenant que cela puisse paraître, ce triathlète français (30 ans) est qualifié pour le Championnat du monde 2019 d’Half Ironman (113,1 km en cumulé), qui se disputera cette année pour la première fois en France, à Nice, les 7 et 8 septembre.

Cette place, il l’a acquise en se classant 39e lors de l’Half Ironman de Qujing, qui se déroulait dans les montagnes du sud-ouest de la Chine. Il avait alors avalé les 1,9 km de natation, 90 km de vélo et 21,1 km de course à pied, en 4h56 minutes. Une performance qui lui ouvre aujourd’hui les portes d’une compétition qui lui paraissait encore inaccessible il y a trois ans. « J’avais à coeur de me qualifier car mes parents et mon frère seront là, ainsi que mes amis. Cela va être une émotion extraordinaire. D’autant que lors de mon diagnostic j’ai d’abord pensé faire une croix sur le sport », confesse-t-il, impatient.

Sport addict depuis l’enfance

Ce rendez-vous prend d’autant plus d’ampleur que sa passion pour le sport vient de son enfance. Lorsque lui et son frère se tiraient la bourre pour être le meilleur des deux. De 10 à 22 ans, Nicolas Campos a joué au football trois fois par semaine et fait du ski un week-end sur deux. Les deux frères ont le goût de l’effort et se nourrissent de leurs duels. « Entre frères, il y a de l’émulation. On avait l’esprit de compétition et je l’ai gardé », se remémore-t-il, rieur.

Quelques années plus tard, en 2012, Nicolas Campos s’envole pour Sydney afin d’assouvir son envie toujours plus présente de sport. Les grands espaces, les infrastructures sportives omniprésentes et la culture de l’outdoor de l’Australie sont ses motivations. L’année qui suit, celui qui se sent alors fort et puissant s’attaque au triathlon longue distance : le Half Ironman. Mais cette première expérience est « catastrophique », selon ses mots. La faute à une préparation insuffisante. Peu importe, il est de retour un an plus tard au départ de la même course et améliore son temps d’une heure. Le virus du triathlon vient de le piquer.

L’épée de Damoclès tombe

Ce qu’il ignore encore, c’est qu’un mal va pénétrer sa cuirasse de fer. En se réveillant un matin, ses jambes ne répondent plus. Il s’imagine d’abord que ses muscles sont toujours engourdis par son week-end passé à faire de la randonnée. Mais une fois sous la douche, la panique est de nouveau là : il ne sent pas l’eau qui s’écoule sur ses jambes. S’ensuit l’arrivée de SOS médecin, puis des passages aux urgences, mais le diagnostic ne tombe pas encore. « J’étais seul dans l’hôpital de la Salpêtrière, en tenue de sport, pour faire une IRM, explique-t-il, la voix lourde. Un radiologue m’annonce qu’il y a des irrégularités sur ma moelle épinière. Après une batterie de tests, il s’avère que j’ai des lésions sur le cerveau et la moelle épinière. Mais pour diagnostiquer la sclérose en plaques, il faut que votre état se détériore. »

Bouleversé, Nicolas Campos quitte son job et décide de prendre du recul. Il doit désormais être plus à l’écoute de son corps. La gestion de son stress, celle de son sommeil et de son alimentation sont devenues primordiales pour lui. Sans prévenir, des crises peuvent maintenant s’emparer de ses membres, avant de se résorber. Dans les années à venir, ces crises pourraient même laisser des séquelles incurables. Six mois après l’IRM, le verdict tombe : l’hypothèse de la sclérose en plaques est confirmée.

La renaissance

Après avoir envisagé de tirer un trait sur le sport, l’espoir réapparaît. « Un jour, je suis allé à la piscine et j’ai nagé 500 m. En arrivant au bout je me suis dit : finalement ça marche encore. C’était un soulagement énorme ». Plus les mois passent et plus ses performances s’améliorent. Celles-ci sont d’ailleurs aujourd’hui supérieures à celles qui précèdent son diagnostic. Son état est variable mais le Français est désormais attentif à son corps et s’adapte aux caprices de celui-ci. « Quand j’ai la cheville qui traîne, je peux faire du vélo ou nager. Quand j’ai les bras qui ne répondent pas, je peux aller courir », raconte-t-il avec un naturel déstabilisant.

Bien que l’imprévisibilité de sa maladie ne puisse garantir sa participation au prochain Championnat du monde à Nice, son mental de fer lui permet de positiver : « Je ne me mens pas, je sais que des gens sont dans des situations de handicap très lourd. Mais je me suis dit qu’il n’y avait jamais de bonnes nouvelles autour de cette maladie. Il faut donner de l’espoir aux gens qui sont diagnostiqués. Plein de choses sont encore possibles. » Et il le prouve avec brio.

Augustin Delaporte  |  [ source ]

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