Le match Sanofi-Biogen
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Le match Sanofi-Biogen
Les deux entreprises lancent une nouvelle génération de produits. Biogen a une longueur d’avance tant sur les prix que sur les volumes.
Le traitement de la sclérose en plaques est devenu ces dernières semaines un point chaud de la concurrence entre les entreprises pharmaceutiques. Deux d’entre elles, Biogen Idec, une des plus grosses sociétés de biotechnologie américaines, et le groupe français Sanofi, mènent en effet une course de vitesse avec deux nouveaux produits sur lesquels ils misent pour se tailler la part du lion sur un marché qui dépasse les quinze milliards de dollars.
Plus de 2 millions de personnes dans le monde, principalement de jeunes adultes et des femmes, souffrent de cette maladie neurodégénérative pour laquelle l’arsenal thérapeutique est encore limité. Or, deux produits, le Tecfidera de Biogen et l’Aubagio de Sanofi, viennent d’obtenir à la fin du mois dernier le feu vert de l’Agence européenne du médicament (EMA), succédant à celui de la Food and Drug Administration (FDA), une semaine plus tôt pour le Tecfidera et quelques six mois plus tôt pour l’Aubagio.
Ces deux produits, dont les prix doivent encore être négociés dans chaque pays européen, constituent une nouvelle génération de traitement de la sclérose en plaques. D’après les études cliniques réalisées pour obtenir l’autorisation de mise sur le marché, ils sont mieux tolérés que la précédente génération, le Tysabri de Biogen et le Gilenya de Novartis. Ce sont en effet des immunomodulateurs et non immunosuppresseurs c’est-à-dire qu’ils modulent l’action du système immunitaire au lieu de le bloquer, diminuant notamment les risques d’infection. Depuis un peu plus d’un an sur le marché, le Gilenya de Novartis fait notamment l’objet d’une surveillance accrue en raison de 15 décès inexpliqués chez des patients ayant eu recours à ce traitement.
Mais le Tecfidera et l’Aubagio devraient aussi être plus efficaces que les premiers immunomodulateurs aujourd’hui encore utilisés comme traitements de première intention comme l’Avonex (Biogen), le Rebif (Merck Serono), le Betaferon (Bayer), l’Extavia (Novartis) ou encore le Copaxone (Teva). Enfin, à l’exception du Gilenya de Novartis, ce sont les premiers traitements par voie orale, un progrès considérable quand il s’agit de traiter une maladie chronique.
Les analystes prévoient donc une belle carrière à ces produits. Surtout au Tecfidera de Biogen considéré par ces derniers, au vu des études cliniques, comme plus performant que l’Aubagio. Avec un chiffre d’affaires annuel 3,25 milliards de dollars, le Tecfidera devrait s’adjuger 20 % du marché en un an, selon les analystes, l’Aubagio étant pour sa part crédité d’un chiffre d’affaires annuel prévisionnel de quelque 900 millions d’euros.
En outre, l’Aubagio de Sanofi devrait être pénalisé dans la négociation de son prix avec les instances nationales en Europe par le refus de l’EMA de lui accorder le statut de nouvelle molécule, sachant qu’elle est déjà prescrite depuis la fin des années 1990 dans le traitement de la polyathrite rhumatoïde.
Le Tecfidera devrait ainsi pouvoir prétendre à un prix de 50.000 à 55.000 dollars pour un an de traitement contre 58.000 pour le Gilenya et 45.000 par an pour l’Aubagio.
À noter Sanofi pourrait avoir des difficultés à obtenir un bon prix pour le Lemtrada, son prochain produit contre la sclérose en plaques, car il s’agit d’une nouvelle indication et non d’une nouvelle molécule. Retirée du marché, elle a été utilisée sous le nom de Campath, dans le traitement de la leucémie.
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