Le patron de Genzyme attend une surenchère de Sanofi

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Le patron de Genzyme attend une surenchère de Sanofi

INTERVIEW – Henri Termeer, le patron de la biotech américaine, s’exprime pour la première fois en France. Il n’est pas hostile par principe à un rachat par Sanofi-Aventis. Mais il attend une bien meilleure offre.

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Henri Termeer, PDG de Genzyme. Crédits photo : © Brian Snyder / Reuters/REUTERS

Le FIGARO. – Êtes-vous opposé à un rachat de Genzyme ?

Henri TERMEER. – Le conseil de Genzyme a été très clair. Nous ne nous opposons absolument pas à ce processus, naturel pour une entreprise cotée, et nous cherchons évidemment à maximiser la valeur de l’entreprise pour les actionnaires. Mais Genzyme n’était pas à vendre. Notre société se remet de ses problèmes de production et elle est en pleine transformation. Ce n’est jamais un bon moment pour réaliser une transaction. Et, à 18,5 milliards de dollars, soit 69 dollars par action, Genzyme n’est toujours pas dans un processus de vente.

Votre refus d’entrer en discussion avec Sanofi est-il uniquement affaire de prix ?

Oui. Le prix de 69 dollars par action n’est pas acceptable pour le conseil de Genzyme. Nous n’avons aujourd’hui aucun point de départ, rien qui nous permette d’entamer des discussions.

Le vrai prix, selon vous, c’est 89 dollars par action ?

C’est un chiffre, pas un élément de négociation. Il correspond aux calculs réalisés par Chris Viehbacher avant l’été, extrapolés sur la base de nos nouvelles estimations de revenus.

Certains actionnaires semblent pressés de céder leurs titres, même à un prix relativement bas.

Les nouveaux actionnaires de Genzyme, ceux qui ont acheté des titres après que l’offre de Sanofi a été connue, les ont payés entre 70 et 72 dollars par action. OPA ou pas, ils attendent une valorisation supérieure à 69 dollars par titre.

Les arbitragistes ne doivent-ils pas vendre d’ici à la fin de l’année ?

Bien sûr, ces actionnaires connaissent moins bien Genzyme. Mais, je les ai rencontrés longuement pour leur expliquer ce que vaut la société. Même avec une approche à court terme, ils tiennent à ce que la valeur de leurs actifs soit reconnue. Certes, il peut y avoir des impératifs de bonus, mais la vie des marchés financiers ne s’arrête pas le 30 décembre pour reprendre le 2 janvier.

D’où vient l’écart entre les 3,5 milliards de dollars de revenus que vous attendez du Campath et ce que prévoit Sanofi, 700 millions ?

Le directeur général de Sanofi a probablement ses raisons pour sous-estimer la valeur de l’alemtuzumab, connu pour l’instant sous le nom Campath. Nous pensons que ce sera le produit le plus efficace, le moins cher et le plus adapté au quotidien des patients atteints de sclérose en plaques. Nous attendons les résultats de deux essais cliniques de phase 3 en juin puis à l’automne pour le démontrer.

Souhaitez-vous que Sanofi propose dans son offre une clause permettant à vos actionnaires de recevoir, sous certaines conditions, un supplément de prix ?

C’est un moyen couramment utilisé dans l’industrie pharmaceutique quand les entreprises n’arrivent pas à s’entendre sur un prix. Cela fait partie des alternatives qui pourraient être explorées. Nous y réfléchissons au sujet de la molécule du Campath. Cela pourrait servir pour Sanofi ou d’autres entreprises avec lesquelles nous discutons.

Proposez-vous cette solution à Sanofi ?

Ce n’est pas à nous de le faire.

Avec quels autres acquéreurs potentiels discutez-vous ?

Il s’agit de conversations privées.

Sanofi s’est opposé à votre intention de mettre en place des dispositifs anti-OPA ?

Nous n’avons pris aucune décision à ce sujet, mais seulement fait la liste des poison pills à notre disposition.

Le conseil de Genzyme peut-il empêcher Sanofi de prendre les commandes rapidement si les actionnaires apportent leurs titres ?

Si le conseil ne donne pas son accord, Sanofi devra attendre la tenue de l’assemblée générale l’année prochaine. Ce sera une voie difficile pour Sanofi.

Avez-vous eu des contacts avec Chris Viehbacher depuis votre rencontre en septembre ?

Nous nous rencontrons régulièrement dans des rendez-vous de l’industrie pharmaceutique. Cela se passe très courtoisement, et nous n’évoquons pas l’OPA en cours.

Chris Viehbacher dit qu’il a du temps et de la patience. Vous aussi ?

Oui. Le temps joue en notre faveur car les problèmes de production sont en train de se résoudre.

À quelle date seront-ils définitivement réglés ?

Ces problèmes ne peuvent se résoudre en une nuit. Nous construisons une nouvelle unité de production à Framingham, qui devrait être agréée fin 2011. Nous transformons toute l’organisation de notre production, il faudra trois à quatre ans pour faire aboutir ce projet.

Genzyme peut-il poursuivre sa route seul ?

Si nous ne sommes pas rachetés, nous finaliserons la réorganisation de la production et continuerons de développer notre portefeuille de produits. Nous sommes très à l’aise avec la poursuite du développement de Genzyme, aux États-Unis et dans le monde.

Pour inciter vos actionnaires à refuser l’offre de Sanofi, avez-vous déployé la même force que pour les alerter face à Carl Icahn ?

Sanofi est un groupe pharmaceutique qui apprécie la biotechnologie, notre domaine. Il s’y intéresse pour son potentiel, et non pas pour ses problèmes.

Pensez-vous que l’offre de Sanofi ait des chances de réussir ?

À 69 dollars par action, aucune.

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