L’effet cocktail de certains pesticides en question
L‘effet cocktail de certains pesticides en question
Les résidus de pesticides présents dans les aliments que nous consommons peuvent avoir des effets insoupçonnés sur la santé.
Des ONG mettent en garde contre ces « effets-cocktails » dont les conséquences sanitaires sont trop peu étudiées. Les cinq fruits et légumes par jour que nous sommes incités à consommer sont-ils si bénéfiques pour notre santé ? L’addition de certains pesticides, quand il en subsiste des traces dans les aliments, peut être dangereuse, selon les chercheurs de l’université britannique d’Aston. L’étude qu’ils viennent de remettre à deux ONG, Générations futures et Antidote Europe, montre que des substances classées inoffensives peuvent endommager certaines cellules du système nerveux lorsqu’elles sont combinées. C’est le cas du pyriméthanil, du cyprodinil et du fludioxonil que l’on retrouve sur certains fruits, notamment le raisin.
Les dommages subis par les cellules sont jusqu’à vingt ou trente fois plus importants lorsque ces fongicides sont combinés.
Les chercheurs considèrent que les réactions des cellules face à ces pesticides attestent d’un risque de vulnérabilité accrue à certaines maladies, notamment Alzheimer, Parkinson, ou la sclérose en plaques. Les cellules sont soumises à un stress et se modifient, leur viabilité est atteinte et certaines s’autodétruisent, ce qui est la caractéristique des maladies neurodégénératives. Des risques cancérigènes sont également évoqués.
Lacune réglementaire
Problème, cet effet cocktail n’est pas pris en compte par les textes communautaires. Le règlement européen REACH analyse les effets des substances chimiques, produit par produit. « La Commission européenne a refusé il y a quelques mois de se pencher sur la question des effets cocktail », déplore François Veillerette, porte-parole de Générations futures.
De plus, les tests sont effectués sur des souris et non sur des cellules humaines, ce qui selon Antidote Europe ne permet de produire des résultats fiables. « Nous voulons pouvoir faire de la prévention sur les résidus de pesticides en cernant précisément leurs effets », explique François Veillerette. Il rappelle que les objectifs du Grenelle de réduire de 50 % l’usage de pesticides d’ici à 2018 ne seront pas tenus.
La conférence environnementale des 14 et 15 septembre prochain, qui comporte un volet environnement-santé, examinera cette question. Mais « c’est aussi à l’Union européenne de se mobiliser », estime François Veillerette.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), elle, planche déjà sur le sujet au travers du programme Périclès. « Pour les pesticides, nous avons identifié 7 cocktails de molécules les plus fréquemment présents dans les aliments.Nous étudions la toxicité de ces 7 cocktails in vitro sur une large gamme de cellules humaines », explique Franck Fourès, directeur adjoint chargé des thématiques santé-alimentation à l’Anses.
Les ONG veulent réduire la quantité de résidus autorisée dans les aliments au nom du principe de précaution. Pour l’Anses, cette option est prématurée. « Sur les effets cocktail nous en sommes encore au stade des recherches pour l’instant », tranche Franck Fourès.{jcomments off}