Moins de sclérose en plaques chez les personnes séropositives
Moins de sclérose en plaques chez les personnes séropositives
Une étude établit un lien inversé entre ces deux maladies, sans pouvoir l’expliquer.
Les porteurs du virus du sida (VIH) seraient moins susceptibles de souffrir de sclérose en plaques (SEP), maladie inflammatoire du système nerveux dont les causes restent largement inconnues, selon une étude publiée mardi. Ce travail conduit par des chercheurs britanniques et australiens montre que l’infection par le VIH est associée à un risque significativement moindre de développer une sclérose en plaques, selon un article publié dans Journal of Neurology, Neurosurgery and Psychiatry (du groupe britannique BMJ).
Cette analyse est de l’ordre de «l’observation» statistique et n’offre pas d’explication médicale sur un éventuel lien entre VIH ou les traitements antirétroviraux et la sclérose en plaques, souligne le BMJ.
L’étude, basée sur des données hospitalières britanniques, a comptabilisé les cas de sclérose en plaques parmi 21.207 porteurs du VIH durant sept ans, et ceux d’un vaste groupe de 5,3 millions de personnes hospitalisées pour d’autres raisons. Les porteurs du VIH auraient entre 62 % et 85 % moins de risque de souffrir de sclérose en plaques par rapport à la population générale, selon l’analyse.
Le plus grand facteur protecteur?
Une précédente étude danoise avait, elle, conclu à une relation «statistiquement non significative» entre VIH et sclérose en plaques, mais «peut-être» parce que le nombre de malades étudiés était beaucoup plus restreint, selon l’article. «Si de nouvelles études démontrent qu’il y a un effet protecteur du VIH (et/ou de ses traitements) et si son ampleur est similaire à nos ratios (…) il s’agirait du plus important facteur protecteur jamais observé pour la sclérose en plaques», soulignent ces chercheurs.
Plusieurs pistes sont possibles pour expliquer le lien éventuel entre VIH et sclérose: le virus lui-même qui pourrait agir sur le système immunitaire, ou bien les traitements antirétroviraux qui pourraient supprimer d’autres virus impliqués dans la SEP, selon l’article dont le premier signataire est le chercheur Julian Gold (Albion Centre, Australie).
Dans un commentaire séparé, la spécialiste Mia van der Kop, de l’université canadienne de Colombie-Britannique, rappelle que cette étude intervient après le cas d’un patient souffrant de sclérose en plaques, dont les symptômes ont totalement disparu après un traitement anti-VIH. Cette nouvelle étude constitue «un élément supplémentaire» en faveur d’une association entre VIH ou ses traitements et un risque réduit de SEP, estime l’épidémiologiste, mais de nouveaux travaux seront nécessaires pour dépasser le cap des simples «hypothèses». {jcomments off}