Myéline, sclérose en plaques et comportement social
Myéline, sclérose en plaques et comportement social
Les chercheurs apportent de nouvelles idées concernant l’élasticité du cerveau. Le cerveau n’est pas une masse fixe, il s’adapte. L’environnement, dans lequel évolue l’individu, apporte son lot de modifications. Un papier qui paraît dans Nature Neuroscience explique que les neurones ne sont pas les seuls à modifier leur structure. La modification de la myéline, constituant la substance blanche du cerveau, a souvent été décrite dans des problèmes psychiatriques. Plus récemment, des études ont montré l’ajustement de la myéline à des événements environnementaux majeurs chez de jeunes animaux.
Une des auteures de l’étude, Karen Dietz, précise qu’on montre le rôle particulier de la myéline chez des adultes atteints de désordres psychiatriques. L’élasticité du cerveau n’est pas l’apanage des neurones, mais elle est aussi présente chez les cellules gliales, telles que les oligodendrocytes, cellules qui sont à l’origine de la myéline.
La myéline est un élément lipidique essentiel qui entoure les axones des neurones et leur permet d’émettre leurs signaux dans de bonnes conditions. Dans le cas d’une myéline affectée, les fonctions nerveuses ne sont pas optimales. Ce dysfonctionnement entraîne des problèmes graves comme la sclérose en plaques ou la maladie de Krabbe.
L’étude montre l’impact de l’isolement social sur les cellules produisant la myéline. Des souris adultes ont été mises à l’écart de tout contact avec leurs congénères, pendant 8 semaines. Cette mise à l’écart chez ces animaux éminemment sociaux provoque un état dépressif. Ces souris, au bout de leur calvaire, se sont vues présenter une souris qu’elles n’avaient jamais vue. Alors que le comportement classique dans un pareil cas est très positif, les souris aiment se faire des amis, ici les souris sont restées apathiques et n’étaient pas du tout intéressées par la nouvelle venue. Les souris isolées ont perdu leur goût pour la société.
Les chercheurs ont étudié le tissu du cerveau des souris socialement isolées. Il présente un déficit évident de gènes des cellules oligodendrocyte dans le cortex préfrontal. Cette région du cerveau est reconnue pour son rôle dans le comportement émotionnel et cognitif.
En fait, les cellules du cortex préfrontal contenaient moins d’ hétérochromatine (une chromatine condensée), limitant l’expression des gènes. Les cellules de type oligodendrocyte semblent moins matures chez les animaux isolés, elles sont donc moins capables d’enclencher la fabrication de myéline.
La production de la myéline a pu être ramenée à son taux effectif chez les souris isolées. Le retour à la normale a été permis grâce à une réintégration sociale des animaux. Cette information est primordiale, cela démontrerait que des actions environnementales seraient suffisantes pour contrecarrer des éléments perturbateurs dans le cerveau.
Au plus fort de la réflexion, on peut imaginer que, suite à une sclérose en plaques, une part importante de la thérapie pourrait viser l’amélioration des interactions sociales des patients.