Oui au cannabis médical ?

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Le débat est lancé, alors que le premier médicament à base de cannabis doit bientôt arriver en pharmacie, entre les partisans d’un usage pour les malades et les anti qui redoutent une banalisation de cette drogue.

« Il ne s’agit pas de légalisation du cannabis thérapeutique », avait bien pris soin d’insister le ministère de la Santé lorsqu’il a annoncé, dans un bref communiqué, le 9 janvier 2014, l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du Sativex. Aujourd’hui, le prix de ce spray buccal, dérivé du cannabis, exclusivement réservé aux patients souffrant de violentes contractures musculaires liées à une sclérose en plaques, est en cours de négociation entre le comité économique des produits de santé et le fabricant britannique, GW Pharmaceuticals.

Son usage est donc restreint : entre 2 000 et 5 000 patients concernés.

Déjà disponible dans une vingtaine de pays, dont dix-sept européens (Pays-Bas, Grande-Bretagne, République tchèque, Espagne, Allemagne…), le Sativex est un mélange de deux composants de la plante, le THC (tétrahydrocannabinol, principe actif du cannabis) et le cannabidiol, le second annulant les effets psychotropes du premier.

 

Déjà des cigarettes au cannabis au XIXe siècle

 

Annoncée pour une commercialisation en janvier, la date du retour de cette plante bannie des pharmacies françaises en 1953 n’est donc pas encore arrêtée mais doit intervenir au cours de ce premier trimestre 2015.

 

Car il s’agit bien d’un retour. En France, à la fin du XIXe siècle, les vertus des cigarettes indiennes au cannabis de la société Grimault, « contre les affections respiratoires » notamment, étaient vantées dans les encarts publicitaires. De façon générale, le cannabis était alors largement vendu comme antidouleur. L’usage médical a ensuite progressivement décliné avec l’arrivée de nouveaux opiacés et surtout avec celle de l’aspirine. En 1925, la Société des nations convoque à Genève la convention internationale relative aux stupéfiants, abordant également le cannabis. Entre 1931 et 1953, six conventions internationales sont signées, toutes visant à renforcer la prohibition de l’usage.

 

C’est donc aujourd’hui la fin d’un interdit. Toutefois, le Sativex ne sera pas le seul traitement à base de cannabis en France. Le Marinol, des capsules à base de THC de synthèse, peut déjà être prescrit par le biais d’autorisations temporaires d’utilisation (ATU). Mais la procédure, contraignante pour les médecins sur le plan administratif, n’est guère courante. A peine une centaine de personnes y ont eu droit depuis 2001 pour lutter contre des douleurs neuropathiques, des vomissements post-chimiothérapie ou l’anorexie chez des patients atteints du sida. Malgré les précisions du ministère de la Santé accompagnant l’arrivée du Sativex, la France pourra-t-elle faire l’impasse sur un débat concernant la légalisation du cannabis à usage médical, alors que celui-ci fait déjà rage ?

 

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