Pourquoi la recherche va décoller?!

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La mobilisation internationale en cours va faire la différence pour faire avancer la recherche.


En France, pour la première fois, la sclérose en plaques entre dans un plan de stratégie nationale de santé et de recherche: c’est le «plan maladies neurodégénératives 2014-2019», auquel 470 millions d’euros vont être alloués, dont 200 millions dédiés à la recherche sur la maladie d’Alzheimer (850.000 Français touchés), la maladie de Parkinson (150.000) et la sclérose en plaques ou SEP (99.000). «L’une des premières mesures concrètes de ce plan va être l’identification d’une vingtaine de centres experts de la SEP, pour lesquels un financement de 2,4 millions d’euros a été prévu. Pour les malades, ces centres apportent l’assurance de bénéficier d’une prise en charge pluridisciplinaire et des dernières innovations thérapeutiques. C’est aussi le préalable indispensable à l’intégration de réseaux européens d’excellence pour la recherche», explique le Pr Michel Clanet, directeur du pôle neurosciences au CHU de Toulouse et président du comité de suivi de ce plan.

Mobilisation internationale

 


Ce plan vient donc s’ajouter aux efforts réalisés dans le monde et c’est bien cette mobilisation internationale qui va faire la différence. «Aux États-Unis, où les associations de malades sont très puissantes, la Progressive MS Alliance vient de lever 22 millions de dollars pour des projets de recherche innovants réunissant au moins trois pays. Et les autres exemples de travaux collectifs ne manquent pas, note le Pr Gilles Edan (chef du pôle neurosciences du CHU de Rennes). Par exemple, la mobilisation internationale à l’initiative de chercheurs de Cambridge a déjà permis de trouver plus d’une cinquantaine de variants de gènes surexprimés dans la SEP. Comme ces variants sont situés à proximité de régions intervenant dans le système immunitaire, la SEP serait donc bien une maladie inflammatoire d’origine immunologique conduisant à une dégénérescence des neurones, et non l’inverse.» De quoi expliquer l’efficacité des traitements immunomodulateurs au début de la maladie. Pour autant, les gènes n’expliquent pas tout. Des facteurs environnementaux interviennent et, si des doutes persistent encore autour de la culpabilité du virus Epstein Barr, le rôle d’une carence en vitamine D est évoqué: une étude française vient d’ailleurs d’être lancée pour prouver ou infirmer cette hypothèse. «Aujourd’hui, nous savons empêcher le cerveau d’être alimenté en cellules périphériques inflammatoires mais nous ne savons pas encore traiter l’inflammation à l’intérieur du cerveau, et c’est l’un des gros enjeux de la recherche», explique le Pr Gilles Edan.

 

 

 

Jusqu’à présent, la recherche a surtout bénéficié aux malades atteints d’une forme évoluant par poussées, soit un malade sur deux. En effet, le nombre de médicaments capables d’empêcher que certaines cellules de l’immunité traversent la barrière qui les sépare du cerveau – la barrière hémato-méningée – pour aller détruire la gaine (myéline) entourant les nerfs a explosé ces dernières années. «Et d’autres sont encore attendus très prochainement, que ce soit en deuxième ou en troisième ligne», précise le Pr Jérôme de Seze (neurologue, CHU Strasbourg).

Reconstituer la gaine (myéline)


En revanche, les formes progressives qui peuvent évoluer d’emblée sur ce mode (15 % des cas) ou secondairement, après un début par poussées (35 % des cas), sont les plus difficiles à contrôler. Quand la gaine a déjà disparu et que la transmission de l’influx nerveux ne peut plus se faire, provoquant l’apparition de troubles sensitifs ou moteurs, il n’y a pas encore de solution. «La recherche porte donc sur des molécules qui permettraient de reconstituer cette gaine, soit en stimulant sa fabrication, soit en servant de guide aux cellules progénitrices d’oligodendrocytes, dont c’est le rôle. La recherche fondamentale s’attelle donc à identifier la cascade des événements depuis le réveil des oligodendrocytes jusqu’à la réparation de la myéline. Ces travaux, cruciaux, sont menés à Paris par les équipes du Pr Catherine Lubetzki et Boris Zalc à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM). Identifier les mécanismes qui bloquent la remyélinisation et la repousse axonale est aussi important. Des essais préliminaires avec un anticorps monoclonal humanisé anti-Nogo ont déjà été tentés pour bloquer le récepteur de la protéine Nogo (un puissant inhibiteur de la remyélinisation et de la croissance axonale). Et devant les résultats expérimentaux positifs obtenus sur la remyélinisation du nerf optique, un large essai clinique est désormais envisagé chez les patients ayant une SEP», détaille le Pr Edan.


D’autres essais ont commencé avec des cellules souches mésenchymateuses prélevées aux patients et réinjectées dans le sang périphérique pour qu’elles gagnent leur cerveau. Un essai va être lancé à Toulouse, conduit par le Pr Clanet. Quant à la recherche sur les cellules souches visant à remplacer les neurones abîmés par des neurones neufs, elle n’a pas donné de résultats concrets mais se poursuit.

 

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