Sclérose en plaques à poussées : une avancée

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Sclérose en plaques à poussées : une avancée

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Un médicament innovant a obtenu son autorisation de commercialisation aux Etats-Unis. Le Pr Thibault Moreau* nous explique son action.

Paris Match. Rappelez-nous les caractéristiques de cette maladie du système nerveux central.
Pr Thibault Moreau. Cette pathologie atteint non seulement le cerveau mais aussi la moelle épinière.
Dans les deux tiers des cas, elle survient entre 20 et 35 ans et deux fois plus souvent chez les femmes.
On recense actuellement environ 75 000 malades en France. Il s’agit d’une attaque inflammatoire qui cible la myéline, gaine qui entoure les voies nerveuses, comme celle d’un fil électrique : le courant ne passe plus, il est coupé. Comme chaque zone du cerveau correspond à une fonction, cette coupure a des conséquences, selon la région concernée, sur la motricité, la sensibilité, la vision…

Quelle est l’origine de cette inflammation?
Un dérèglement du système immunitaire qui s’emballe et agresse la myéline : il la reconnaît à tort comme un élément étranger, tel un virus ou une bactérie. S’ajoute une souffrance chronique des neurones due à un processus dégénératif. A l’origine, on retrouve un certain terrain génétique et des facteurs environnementaux (carences en  vitamine D, tabagisme…).

 

Quels symptômes apparaissent au début d’une sclérose en plaques?
Ils peuvent survenir isolés ou associés. La maladie commence à se manifester par une baisse de l’acuité visuelle pour un quart des patients, des troubles moteurs dans environ 40 % des cas, une diminution de la force musculaire d’un ou deux membres, des fourmillements, des brûlures, une perte de sensibilité ou des problèmes d’équilibre.

Y a-t-il différentes formes de cette maladie?
Il y en a deux. 1. La sclérose à poussées (85 % des cas) qui durent environ un mois et dont la fréquence varie selon les malades (en moyenne tous les dix huit mois). Juste après une poussée, les  symptômes disparaissent mais, avec le temps, elle laisse des séquelles. 2. La forme chronique progressive. Là, les symptômes s’accumulent, s’aggravent au cours du temps et finissent par devenir permanents. C’est la forme la plus sévère, qui entraîne un handicap majeur pouvant conduire au fauteuil roulant. Après environ une quinzaine d’années, la moitié des malades atteints de la forme à poussées évoluent vers la sclérose chronique progressive.

Actuellement, quel est le traitement conventionnel?
La prise en charge pour la forme à poussées comporte deux types de traitement. Le premier s’administre par perfusion de corticoïdes durant trois jours : ils réduisent l’intensité des symptômes et leur durée. Le second est un traitement de fond, avec soit un interféron, soit de l’acétate de glatiramère, qui diminuent la fréquence des poussées dans le temps et la progression du handicap. Ces deux produits sont des immunomodulateurs, mais qui ont l’inconvénient de n’exister qu’en forme injectable. Les patients sont donc contraints de se piquer eux-mêmes plusieurs fois par semaine. Quand ces traitements sont devenus inefficaces, on prescrit, selon les cas, des immunosuppresseurs : le natalizumab (en perfusion mensuelle) ou le fingolimod (un comprimé par jour). Ces derniers sont moins contraignants que les immunomodulateurs, mais, en abaissant les défenses immunitaires, comportent des risques d’infections, par exemple.

Quel est le médicament venant d’obtenir son autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis ?

Le teriflunomide. Destiné aux formes à poussées, cet immunosuppresseur agit notamment sur les lymphocytes, des cellules du système immunitaire qui participent activement à l’attaque de la myéline ;
ce médicament (administré par voie orale) diminue efficacement leur prolifération et leurs effets délétères.

Quelles études ont démontré son efficacité ?
La molécule, très proche “cousine” de celle couramment utilisée pour la polyarthrite rhumatoïde, a fait l’objet de plusieurs études internationales conduites sur des milliers de patients. Les résultats ont démontré une diminution d’environ 30 % de la fréquence des poussées et une réduction de plus de 20 % de la progression du handicap. La tolérance a été bonne, mais il faudra probablement attendre fin 2013 pour son autorisation de commercialisation en Europe.

En résumé, quels sont les avantages de cette dernière thérapie pour les formes à poussées ?
1. Une efficacité évidente sur la réduction de la progression du handicap.

2. L’avantage de reculer le passage aux médicaments à plus grands risques.

3. Une administration peu contraignante, par voie orale, ce qui facilite l’observance du traitement.

* Chef de service de neurologie au CHU de Dijon. {jcomments off}

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