Sclérose en plaques, tu m’aides.

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Sclérose en plaques, tu m’aides.

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Témoignage sans détour d’un sépien sur la maladie… | Rappel : ceci est UN exemple de SEP

 » Je meurs. J’ai peur. Normal ! C’est l’instinct !

Mes dernières forces me quittent. Je passe désormais 20 heures couché devant la télé et m’enfuit dans le sommeil pour oublier à quel point je souffre.

Je ne cuisine plus et mange une fois par jour, pour l’instant.

Aller aux chiottes est un calvaire. Et prendre un bain devenu impossible. Depuis 8 mois. Je me lave comme je le peux, tentant de ressembler à l’homme que j’étais.

Mon fauteuil roulant me fait mal. Aux fesses, au dos. A l’âme.

Mes pieds hurlent. Mes jambes tremblent comme une feuille dans la tornade et mes mains sont désormais attaquées. Chaque geste est douloureux au point que je ne m’habille ni ne me rase plus. Ni ne me lave, tu l’as lu. Le bout du nez de temps en temps, les dents quand je pense qu’il m’est désormais impossible d’aller chez mon dentiste. Tous les 3 jours, mon dernier rite.

Je prends 25 pilules par jour et augmente toutes les doses. Alliant allègrement le THC à l’alcool, les seuls qui calment mes douleurs. Dieu, merci pour l’Ivresse.

Je ne suis pas sorti depuis trois mois, l’effort est trop terrible. La dernière fois c’était en ambulance pour aller à la sécu. Je ne suis même pas arrivé à monter sur la table d’auscultation. Et j’ai pêté quand elle m’a demandé de soulever ma jambe. Qui est restée figée, ad patres.

Je vis chaque jour comme s’il était le dernier. Et chaque matin je regrette qu’il ne le fut.

Me voilà parvenu au point de non retour et il faut que je l’accepte. Que j’abandonne mon instinct de conservation devant l’inéluctable. La sclérose en plaques est plus forte que moi.

Mais je n’arrive pas à me résigner. En dépit de tous les signes précurseurs qui l’annoncent fort et clair. Je n’ai pas envie de mourir.

Il me reste peu de temps. Et je l’espère car survivre n’est pas une raison de vivre. Mais j’ai peur. De la douleur, des nuits de veille, de ce passé que je porte comme un fardeau.

Je refuse ! Mais les faits sont là.

Combien de temps me reste-t-il ? Qu’en faire ? En panne d’essence. Me délabrant irrémédiablement chaque jour un peu plus qu’hier et bien moins que demain.

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26 juin 2011 par Christian Pélier

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