Tests génétiques : ce qu’ils peuvent prévoir
Tests génétiques : ce qu’ils peuvent prévoir
Les fées de la génétique se sont-elles penchées sur votre berceau ? A partir d’un simple échantillon de salive, les sociétés qui se sont lancées dans le business des tests ADN de prédiction de santé vous disent si vous avez un risque élevé, moyen ou bas de développer un nombre impressionnant de maladies.
Cela va de la maladie d’Alzheimer aux maladies cardiaques en passant par la thrombose veineuse, les cancers de la vessie, du sein, de la peau, du poumon, colorectal, gastrique, la sclérose en plaques, le diabète, le psoriasis, l’anévrisme, la migraine, l’asthme, etc. Ces Madames Irma de l’ADN vont même jusqu’à vous dire si vous êtes plus ou moins exposé que la moyenne à développer une dépendance au tabac ou à l’alcool, une allergie aux protéines de lait. Ou encore si vous avez un risque accru de devenir hyperactif, bipolaire, schizophrène…
Comment révéler autant de choses à partir de la salive ?
C’est le côté fascinant de la génétique. En effet, à partir de quelques cellules de salive, cette science est capable d’isoler l’ADN d’une personne et de faire des séquences génétiques. Or, la recherche médicale nous permet aujourd’hui de savoir que la présence de tel ou tel marqueur génétique (par exemple une mutation sur un gène) pourrait causer l’apparition plus précoce de telle ou telle maladie. Pour simplifier à l’extrême, les cellules de salive nous donnent une phrase, un code génétique qui correspond à un individu. Et s’il y a une faute de frappe à un mot, on peut en déduire qu’il y a un risque accru de développer une maladie en particulier. Exemple : on sait aujourd’hui clairement que des mutations du gène BRCA 1, situé sur le chromosome 17, exposent les femmes à un risque nettement plus élevé de cancer du sein.
Attention, ce n’est que de la statistique !
D’ailleurs les sociétés qui vendent ces tests le précisent bien clairement. Et quand la personne reçoit ses résultats, elle ne lit pas : « Vous allez avoir Alzheimer », ou « Vous portez le gène du cancer du poumon ». Elle lit, en face de chaque maladie, un pourcentage qui indique le risque moyen de la population de développer un cancer de la peau (par exemple 35%), et à côté son risque à elle (par exemple 60%), ce qui dans ce cas précis signifie qu’elle a un risque génétique accru de développer un cancer de la peau et qu’elle doit par exemple se méfier du soleil…
Plus fiables sur certaines maladies
L’ADN est plus parlant sur certaines pathologies que sur d’autres. Le généticien Axel Kahn explique que les prédispositions génétiques à développer un Alzheimer sont beaucoup plus significatives que celles à faire un infarctus. Autrement dit, si un de ces tests vous alerte sur un risque d’infarctus, il y a peu de raison de s’inquiéter. « Et il n’est nul besoin de faire un test ADN pour savoir que le meilleur moyen d’éviter un infarctus est de ne pas fumer, de soigner son hypertension, de manger équilibré sans trop de gras, et de pratiquer une activité sportive régulière. » Pour Alzheimer, la génétique serait plus parlante. Mais comme c’est une maladie qui survient à un âge avancé et qu’on ne sait pas la soigner, à quoi bon se gâcher la vie pour un risque hypothétique dans des dizaines d’années…
Ils servent surtout à anéantir votre insouciance
Axel Kahn insiste sur le fait que « la plupart des déterminants génétiques des maladies complexes jouent un rôle individuel très faible ». Ce n’est donc pas parce que vous avez un trait génétique qui est censé vous exposer un peu plus à une maladie que vous développerez la maladie. Mais, même s’il ne s’agit que d’un calcul de risque, révéler brutalement à une personne qu’elle a un risque accru d’avoir, par exemple, un cancer ne lui rend pas service. « La seule chose dont je suis sûr si je vous annonce de telles choses, ajoute Axel Kahn, c’est de ruiner l’insouciance de votre vie. »
Le Parisien / Hélène Bry | Publié le 25.04.2011, 07h00