Un antihypertenseur prometteur dans la SEP
Des neurologues de l’université de Chicago proposent une nouvelle voie thérapeutique dans la sclérose en plaques : la protection des oligodendrocytes. Et le premier agent de cette nouvelle classe médicamenteuse pourrait être le guanabenz, un agoniste des récepteurs alpha-adrénergiques déjà autorisé aux États-Unis. Dans un article publié dans « Nature Communications », l’équipe dirigée par Brian Popko, de l’Université de Chicago, expose le potentiel de l’antihypertenseur en association aux traitements conventionnels.
Dans un modèle murin de SEP rémittente récurrente, le guanabenz administré en pleine poussée a permis de diviser par 2 la gravité des symptômes lors de la récidive suivante. Chez des souris encore asymptomatiques mais venant de recevoir l’immunisation censée entraîner une réponse immunitaire « pro-SEP », l’administration précoce de la molécule a permis de retarder les premiers symptômes et diminuer leur intensité, voire d’éviter le développement de la maladie, chez près de 20 % d’entre elles. In vitro, les oligodendrocytes exposés à de l’interféron gamma pro-inflammatoire ont mieux résisté s’ils étaient préalablement traités par du guanabenz.
Une machinerie de défense naturelle
« Le guanabenz semble stimuler la propre machinerie protectrice de la cellule pour diminuer la perte de myéline, explique le Pr Brian Popko. (…) Il s’agit aujourd’hui d’une approche protectrice unique ». La perte en oligodendrocytes est délétère et ces cellules gliales possèdent un mécanisme naturel de réponse au stress, en particulier au cours de l’inflammation, comme l’avait précédemment montré l’équipe du Pr Popko. La production de protéines est bloquée de façon temporaire, au profit très sélectif d’autres ayant une fonction protectrice. Si le dispositif est surchargé, comme dans l’inflammation chronique de la SEP, la perte en oligodendrocytes et le phénomène de démyélinisation s’accélèrent.
Une place en association
Les chercheurs de Chicago montrent que le guanabenz bloque une protéine particulière, un facteur appelé eIF2alpha. Or celui-ci à l’état désactivé déclenche la voie de réponse au stress. Son blocage à l’état « off » entraîne une réponse au stress prolongée et assure une protection cellulaire contre l’apoptose. À ceci près qu’au bout d’un certain temps, l’eIF2alpha est réactivé par d’autres voies indépendantes et que la réponse au stress va se tarir malgré le traitement.
Il n’en reste pas moins que les bénéfices potentiels et le profil de tolérance en font un médicament très prometteur. « Le guanabenz ne sera probablement pas un médicament à prendre seul, mais nous espérons qu’il sera développé en association avec d’autres, poursuit le Pr Popko. Certains traitements actuels ont des effets secondaires graves (…). Ce serait une grande avancée pour les patients d’avoir à disposition des thérapies efficaces à moindre risque. »
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