Un point sur les médicaments actuels et futurs
Les médicaments actuels et futurs
Dans SEP est une maladie auto-immune dans laquelle les cellules du système immunitaire (présentes dans le sang) traversent la barrière qui les sépare du cerveau – la barrière hémato-méningée – et s’attaquent à la gaine (de myéline) entourant les nerfs. Quand cette dernière est lésée, la transmission de l’influx nerveux est moins efficace, d’où l’apparition de symptômes sensitifs ou moteurs, en fonction des zones atteintes (troubles de la mobilité d’une jambe, vision double, difficultés sensorielles…). Les médicaments ont pour but d’empêcher ce phénomène.
Les interférons empêchent les cellules de l’immunité de traverser la barrière hémato-méningée. La copaxone, une protéine qui ressemble à la protéine de la myéline à laquelle les cellules immunitaires s’attaquent, joue le rôle de leurre. «Ces immunomodulateurs diminuent d’environ 30 % le risque de poussées et de handicap. Hormis le fait qu’il s’agit de traitements injectables, ils sont plutôt bien tolérés», précise le Pr Patrick Hautecœur, chef du service de neurologie du centre hospitalier Saint-Philibert à Lille, cité par le quotidien.
Les anticorps monoclonaux comme le natalizumab (Tysabri) sont prescrits en cas de résultats insuffisants. Injectés à l’hôpital par intraveineuse, à raison d’une demi-journée par mois, ils diminuent jusqu’à 70 % le nombre des poussées et de 90 % les nouvelles inflammations actives, visibles à l’IRM. Ils peuvent provoquer une infection secondaire rare mais grave au niveau du cerveau : la leucoencéphalite multifocale progressive (LEMP). Dans le monde, sur 70.000 personnes traitées, 40 en ont été victimes et 10 en sont décédés. Ce traitement n’est donc prescrit qu’en seconde intention.
Un immunosuppresseur autrefois utilisé dans le cancer du sein, la mitoxantrone peut aussi être prescrit. Il agit en supprimant les cellules de l’immunité impliquées. Mais le nombre de perfusions doit être restreint en raison d’un risque d’insuffisance cardiaque et, plus rarement, de leucémie.
Deux nouveaux immunosuppresseurs par voie orale, la cladribine et le fingolimod, sont attendus pour l’an prochain. La cladribine pousse certaines cellules de l’immunité à s’autodétruire et le fingolimod les paralyse. Les résultats des essais indiquent qu’ils diminuent la fréquence des poussées de 70 %, stabilisant les lésions cérébrales. Sur le plan des effets secondaires, ils s’accompagnent d’un risque infectieux non anodin, voire d’un léger risque accru (non démontré) de certains cancers : peau, ovaires, pancréas. «De quoi inciter à la prudence, d’autant qu’on a seulement deux ou trois ans de recul avec ce type de molécule», note le Dr Jean-Christophe Ouallet, neurologue au CHU de Bordeaux.
De nouveaux anticorps monoclonaux devraient bientôt être disponibles, notamment l’ alemtuzumab (Campath) en 2012. Beaucoup plus efficace que l’interféron, il soulève de nombreuses questions quant à sa tolérance. Il pourrait provoquer de rares inflammations de la thyroïde ou une chute des plaquettes sanguines (indispensables à la coagulation). C’est pourquoi lui aussi, sera probablement réservé aux SEP sévères d’emblée, au moins dans les premières années de mise sur le marché.
Pour les malades présentant déjà des séquelles, la Fambridine (dalfampridine) a reçu une autorisation de commercialisation aux États-Unis (sous le nome commercial Ampyra) et ce pourrait être le cas en France en 2011. Cette médicament peut d’ores et déjà être obtenue via une demande spéciale émanant du neurologue, indique Le Figaro. Indiquée chez les personnes ayant des troubles de la marche (et en l’absence d’insuffisance rénale), il agit en bloquant la fuite du potassium dans les fibres abîmées, afin de limiter la perte de l’influx nerveux.
«L’idéal serait bien sûr de réparer la gaine du nerf lésé, poursuit le Pr Hautecœur, c’est pourquoi la recherche sur les cellules souches se poursuit. Injectées dans le cerveau de souris, elles ont donné de bons résultats. Mais les premiers essais chez l’homme ont été jusqu’ici décevants, ce qui montre qu’on ne maîtrise pas encore la méthode. La recherche mondiale continue avec l’espoir d’y arriver enfin dans les cinq à dix ans à venir.»
Source : Le Figaro