Une nouvelle piste pour la sclérose en plaques (pas la 1ère fois que l’on parle de tout ça…)
L’ensoleillement, la vitamine D, la mélatonine et le microbiote intestinal parmi les rouages de cette maladie.
Un article paru récemment dans Frontiers in Immunology avance une nouvelle hypothèse pour expliquer la cascade de réactions conduisant à la sclérose en plaques. Le premier auteur de l’étude, Majid Ghareghani, doctorant à la Faculté de médecine, croit que le mécanisme que ses collaborateurs et lui proposent pourrait améliorer la prévention et le traitement de cette maladie.
La sclérose en plaques est une maladie auto-immune qui frappe le système nerveux central. «Elle est caractérisée par une réponse anormale du système immunitaire, qui se retourne contre l’organisme lui-même», explique le doctorant qui a consacré quatre ans de travail à cette maladie alors qu’il était à la maîtrise à l’Université des sciences médicales de Yasuj. En effet, certaines cellules du système immunitaire attaquent la gaine de myéline qui recouvre la partie allongée des neurones du cerveau et de la moelle épinière. En l’absence de cette gaine, la transmission de l’influx nerveux est altérée, entraînant des problèmes de sensibilité et de motricité.
Majid Ghareghani et ses collaborateurs ont passé en revue la littérature scientifique portant sur les causes potentielles de cette maladie. Leur synthèse rappelle que, dans les deux hémisphères, la prévalence de la maladie augmente en fonction de la latitude à partir du 40e parallèle. Au Canada, une personne sur 385 en sera atteinte au cours de sa vie, soit l’un des plus hauts taux au monde. Ce gradient sud-nord suggère que des facteurs comme la durée du jour, le manque d’ensoleillement, une carence en vitamine D et des taux élevés de mélatonine pourraient être en cause.
«Contrairement à la vitamine D dont la synthèse nécessite une exposition aux rayons solaires, la mélatonine est surtout produite pendant la nuit dans une partie du cerveau appelée glande pinéale, précise Majid Ghareghani. Le faible ensoleillement et les longues périodes d’obscurité expliqueraient pourquoi on observe une déficience en vitamine D et des taux élevés de mélatonine chez les habitants des pays nordiques. Ce déséquilibre est accentué par un photopigment de l’œil qui augmente la libération de mélatonine par la glande pinéale.»
Cette situation met en branle une mécanique complexe que les chercheurs décrivent comme suit. D’abord, la carence en vitamine D réduit l’absorption de calcium par l’intestin. Comme cet élément est essentiel aux contractions intestinales, il s’ensuivrait une réduction de la mobilité de l’intestin et une augmentation de sa perméabilité. Le résultat: plus d’endotoxines produites par le microbiote intestinal entreraient dans la circulation sanguine et se rendraient dans le système nerveux central où elles stimuleraient la production de molécules pro-inflammatoires, en particulier dans la glande pinéale. La réponse inflammatoire qui en résulterait provoquerait une réaction immunitaire conduisant à la destruction de la myéline des neurones.
À la lumière des connaissances actuelles, il s’agit là de la mécanique la plus plausible pour expliquer le déclenchement de la sclérose en plaques, mais sa validité reste à démontrer, reconnaît l’étudiant-chercheur qui fait maintenant partie de l’équipe d’Armen Saghatelyan au Centre de recherche CERVO. «Si notre hypothèse est vraie, il serait possible d’envisager des interventions nutritionnelles et des recommandations concernant l’exposition au soleil pour prévenir la maladie ou pour traiter les personnes qui en souffrent.»
Les autres signataires de l’article sont Russel J. Reiter, de l’Université du Texas, Kazem Zibara, de l’Université libanaise, et Nasser Farhadi, de l’Université des sciences médicales de Yasuj.
Par Jean Hamann