Une transplantation de cellules souches contre la sclérose en plaques
Chez les patients atteints de sclérose en plaques, la myéline (la gaine des fibres nerveuse) et les cellules qui la produisent la myéline sont attaquées par le système immunitaire. Si certains protocoles permettent de retarder l’évolution de la maladie, aucun ne permet aujourd’hui de faire régresser les symptômes. Dans une communication au Journal of the American Medical Association, des chercheurs nord-américains expliquent avoir diminué les signes cliniques de la maladie chez plusieurs dizaines de patients. Le protocole proposé consiste à nettoyer le sang des cellules immunitaires potentiellement inflammatoires, tout en injectant au patient des cellules souches originaires de la moelle osseuse.
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie du système nerveux central, qui atteint aussi bien le cerveau que la moelle épinière. Cette pathologie se caractérise par une destruction progressive de la gaine qui protège les neurones (la myéline), voire la destruction des cellules gliales qui produisent cette substance.
Cette pathologie est aujourd’hui comprise comme une maladie auto-immune : c’est le propre système immunitaire du patient qui est à l’œuvre dans la destruction de cellules pourtant saines, dans son organisme.
De nombreuses thérapies immunosuppressives sont couramment déployées pour traiter les patients. Les plus lourdes ne sont toutefois pas les plus efficaces, et exposent les patients à des risques infectieux.
Des chercheurs nord-américains ont souhaité expérimenter sur des personnes atteintes de SEP une procédure consistant non plus à diminuer l’activité du système immunitaire, mais à « réinitialiser » partiellement celui-ci.
Dans un premier temps, les patients subissent des injections de deux immunosuppresseurs, dont l’un des effets identifiés est de produire le rejet de nombreuses cellules souches de la moelle épinière dans la circulation sanguine.
Quelques jours plus tard, le sang de chaque patient est prélevé. Les cellules souches sont isolées, tandis qu’une partie importante des cellules immunitaires en présence (en l’occurrence, des globules blancs) sont détruites. Le reste des constituants sanguins est réinjecté au malade.
Durant plusieurs jours, celui-ci est traité sous immunosuppresseurs. Les cellules souches qui lui ont été prélevées sont ensuite réinjectées dans son sang. Ces cellules migrent alors naturellement vers la moelle épinière, où elles produiront de nouveaux globules blancs.
L’expérience avait déjà été réalisée en 2009, sur une vingtaine de patients. Concernant désormais 145 personnes, les résultats obtenus sont particulièrement encourageants.
Deux ans après le traitement, les symptômes d’une majorité de patient atteints de la forme rémittente/récurrente de la maladie avaient significativement régressé (aucun résultat n’a été observé pour les formes progressives de SEP).
Sur des échelles de mesure à vingt degrés permettant d’estimer l’évolution du handicap, ces malades sont en moyenne descendus de deux niveaux – ce qui se traduit, par exemple, par le passage d’une situation où le patient a besoin d’une aide (canne béquille) pour parcourir 100 mètres sans halte, à la possibilité de parcourir 200 mètres sans aide ni halte.
Les chercheurs se veulent toutefois très prudents. L’étude a été conduite dans un seul établissement, avec des patients de profils très différents. Les bénéfices propres de la greffe de cellule (par rapport au traitement immunosuppresseur seul) n’ont pas non plus été évalués, les expériences ayant été réalisées sans « groupe témoin ». De nouveaux essais cliniques, cette fois-ci « contrôlés », sont déjà en cours de conception.
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