Interview de Jean Pelletier, neurologue spécialisé sur l’IRM à l’hôpital de la Timone à Marseille

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Les traitements progressent

La sclérose en plaques (Sep) touche 100 000 personnes en France, 2,5 millions dans le monde. Si l’on peut vivre plusieurs années avec cette maladie, des diagnostics précoces permettent aujourd’hui une prise en charge efficace. Objectif : mieux accompagner les malades. Petit tour d’explications avec le professeur Jean Pelletier, neurologue spécialisé sur l’IRM à l’hôpital de la Timone à Marseille.

Qu’est-ce que la sclérose en plaques ?

[ pour celles et ceux qui ne le savent pas encore et/ou qui n’ont toujours pas compris ]

C’est une maladie auto-immune c’est-à-dire qu’une partie de nos défenses immunitaires qui sont censées nous protéger vont nous attaquer. Ces perturbations immunitaires provoquent alors des lésions inflammatoires dans le système nerveux central, à savoir le cerveau et la moelle épinière. La sclérose en plaques touche l’adulte jeune, majoritairement à l’âge de 30 ans, et deux tiers des malades sont des femmes. C’est une maladie chronique qui suit le patient toute sa vie, par « poussées ». Elle n’est toutefois pas mortelle mais peut être responsable d’un handicap majeur.

Comment se manifeste-t-elle ?

La particularité de la Sep est que les lésions inflammatoires se déplacent sans cesse et laissent des séquelles chez le malade. Plusieurs symptômes sont à constater : troubles de la vue, de la motricité, troubles urinaires, perte de sensibilité, fourmillements…

Mais il faut être attentif à d’autres troubles comme la fatigue, qui touche 100 % des malades, la dépression ou encore la cognition (altération de la mémoire et de la concentration). Certains patients voient également leur vie sentimentale affectée en raison des troubles sexuels qui peuvent survenir (rapports moins sensibles, troubles érectiles).

Quels sont les nouveaux traitements prescrits aux malades aujourd’hui ?

Les médicaments, appelés immunomodulateurs ou immunosuppresseurs, s’ingèrent désormais par voie orale. Résultat : psychologiquement, en finir avec les piqûres quotidiennes améliore la qualité de vie puisque c’est un rappel moins douloureux de la maladie. Attention toutefois à ne pas oublier ses comprimés !

 

Nous travaillons actuellement sur un produit nouveau appelé sativex. Ce dérivé du cannabis agit contre les douleurs et la raideur des membres sans les inconvénients de l’original et sans entraîner d’accoutumance. Aussi, nous privilégions l’éducation thérapeutique.

Expliquer la maladie, traiter les poussées, répondre aux tourments quotidiens des patients… des questions qui font partie d’un accompagnement à part entière. À la Timone, ce programme a d’ailleurs été validé par l’Agence régionale de santé.

Ces traitements ne provoquent-ils pas d’effets secondaires ?

Bien sûr, l’injection, également connue pour soigner le diabète, peut être mal vécue. Mais en général, il y a une bonne tolérance au traitement. Le vrai problème est que le patient ne peut appréhender sa maladie et savoir de quoi demain sera fait.

Y a-t-il de fausses idées à bannir sur la maladie ?

L’idée qu’une femme atteinte de Sep ne peut avoir d’enfants est complètement fausse ! Les traitements s’associent très bien avec la grossesse. Par ailleurs, aucun argument scientifique ne prouve que la vaccination est un facteur déclenchant. Des vaccins contre l’hépatite B ou le Gardasil n’ont pas de lien avec la maladie. L’apparition d’une Sep peut être davantage accélérée par un facteur d’ordre émotionnel : stress, perte d’emploi, rupture…{jcomments off}

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