Des jeux vidéos contre le handicap
Atteint de sclérose en plaques, Thomas Gandais a rejoint une équipe de handigaming. Un challenge, dans le monde très compétitif du e-sport. Nom de joueur : Perom. C’est sous ce pseudo que le Tourangeau Thomas Gandais pratique le jeu vidéo en compétition – du e-sport, pour les connaisseurs – depuis quatre ans déjà. Avec une particularité : son équipe est composée exclusivement de joueurs en situation de handicap.
« Le gaming a été une échappatoire pour moi » « J’ai commencé à jouer avec des amis quand j’avais 11 ans », explique le jeune homme. C’est d’ailleurs depuis cet âge-là que lui vient son pseudo : « Il me fallait un nom de personnage, alors j’ai cliqué sur un générateur de noms aléatoires, et je l’ai gardé depuis », sourit-il.
Un loisir qui est loin d’être sa seule occupation : « Je faisais du sport de haut niveau, raconte le joueur. Je pratiquais le badminton, je participais régulièrement à des meetings d’athlétisme. J’ai toujours aimé la compétition. »
Mais en septembre 2014, alors qu’il se plaint de douleurs aux genoux, les médecins lui diagnostiquent une sclérose en plaques. « C’est en tant qu’handicapé que j’ai commencé le gaming, explique-t-il. Ça a été une échappatoire pour moi. »
Étudiant à l’université de Poitiers, en biologie, des amis lui avaient fait découvrir le jeu en ligne Hearthstone un an plus tôt. Mais c’est à l’occasion de la Gamer Assembly de Poitiers, en 2016, qu’il bascule dans la compétition. « Avec la maladie, il y a forcément un peu d’isolement, alors je m’y suis intéressé, explique-t-il. Et j’ai pu retrouver le côté compétitif que j’aimais dans le gaming. »
En fauteuil roulant, le jeune homme n’a pas besoin d’équipement particulier pour participer aux compétitions. « Mais avec ma pathologie, c’est plus dur de se concentrer sur un écran », explique-t-il. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir un bon niveau : il se classe à la 5.000e position européenne… sur 40 millions de joueurs.
Le handicap est un frein, aussi, pour participer aux tournois : un ami l’accompagne dans ses déplacements, pour l’aider. « Mais quand on arrive en tant que gamer, personne ne fait attention à notre fauteuil », se réjouit-il.
En mai 2019, le joueur a franchi une équipe supplémentaire, en rejoignant l’équipe Rebird. « La seule équipe en France composée de joueurs d’e-sport qui ont la particularité d’être touchés par une maladie ou un handicap », précise-t-il. Une bouffée d’oxygène, alors qu’il est en rééducation au centre de Bel-Air, à Tours. « Ça avait un sens particulier, raconte-t-il. Nous sommes tous jeunes, nous avons tous rencontré des choses dures dans notre vie et nous nous sommes tous relevés. Nous partageons une passion, nous nous entraidons. Ca m’a permis de créer des liens assez forts que je n’aurais pas pu créer autrement. »
Jamais satisfait par ses résultats, il songe néanmoins à diffuser en direct ses parties en ligne. Une façon de partager ses passions… et son combat.
Le handisport se met au e-sport
Passer du gymnase à l’écran : au mois d’avril, la fédération nationale de handisport a offert à tous ses licenciés la possibilité de s’adonner à des compétitions de jeux vidéos. Elle a ainsi créé, au mois d’avril, un serveur dédié sur la plateforme discord. L’objectif : créer des tournois de « handigaming ». « Dans les tournois habituels d’e-sport, tout le monde doit avoir le même matériel, ce qui exclut les joueurs en situation de handicap qui ont du matériel adapté », explique Denis Gauthier, président du comité handisport 37. Pour l’instant, seuls deux jeux sont au menu : la simulation de football Pro Evolution Soccer 2020 et celle de course automobile Trackmania Stadium.