On en parle un peu dans la presse
Bras de fer autour du prix du Sativex
Laboratoire et autorités n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le prix de ce médicament à base de cannabis, plus d’un an après l’obtention d’une autorisation dans le cadre de la sclérose en plaques.
Plus d’un an après avoir obtenu son autorisation de mise sur le marché, le Sativex, médicament dérivé du cannabis, n’est toujours pas disponible. Pourtant, en janvier 2014, le ministère de la Santé s’empressait d’annoncer par communiqué que ce médicament pourrait être délivré aux patients atteints de sclérose en plaques, pour atténuer certaines raideurs musculaires. Depuis, le laboratoire Almirall, qui commercialise le Sativex, est entré en négociation avec le comité économique du médicament (CEPS) pour obtenir son prix.
Aujourd’hui, le laboratoire se dit très inquiet de l’évolution du dossier. «Sans arbitrage politique, les patients français souffrant de sclérose en plaques ne bénéficieront pas de Sativex», met en garde Christophe Vandeputte, directeur général du laboratoire Almirall qui voit dans ce blocage l’action des lobbies contre le cannabis thérapeutique. Selon lui, le laboratoire demande un prix déjà inférieur de 20 % au prix pratiqué dans les autres pays européens (440 euros), mais la proposition faite par les autorités représente seulement 17 % du prix demandé. «Or les mesures de sécurité sanitaire, de traçabilité et de bon usage représentent déjà 70 % du prix que l’entreprise propose aux autorités françaises», explique Christophe Vandeputte.
Face à ce qu’il appelle une situation de blocage, le laboratoire a fait le choix, plutôt rare dans le domaine du médicament, de médiatiser le dossier. Du côté du CEPS, les négociations en cours n’ont rien d’exceptionnel. «C’est une négociation comme nous en menons des dizaines chaque année. Le premier prix proposé n’est pas toujours à la hauteur des attentes des laboratoires. Nous avons des critères pour évaluer le médicament qui sont ceux de la commission de transparence. Et l’intérêt pour la santé publique de Sativex ne nécessite pas une arrivée sur le marché urgente», déclare au Figaro le Pr Jean-Yves Fagon, vice-président de l’instance. La commission de transparence a en effet estimé en janvier 2015 que le Sativex n’apportait pas d’amélioration du service médical rendu par rapport aux traitements existants.
«C’est une avancée, mais ce n’est pas une révolution», confiait en janvier dernier le Pr Patrick Vermersch, responsable d’un service dédié à la sclérose en plaques au CHRU de Lille, et dont certains patients ont été inclus dans des études sur le Sativex. Le spécialiste précisait cependant qu’avoir un médicament supplémentaire serait très utile car le baclofène, molécule la plus fréquemment prescrite, était efficace chez un patient sur deux seulement. Tout comme le Sativex d’ailleurs: au total, on estime que 5 000 malades seraient répondeurs à cette molécule.
«Au prix demandé par le laboratoire, cela représente pour l’assurance-maladie une dépense de 10 millions d’euros par an. Ce qui n’a rien à voir avec nombre de médicaments», souligne le directeur général d’Almirall. Mais est-ce un argument suffisant pour le premier médicament à base de cannabis commercialisé en France? À suivre.
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