Sclérose en plaques : comment enrayer sa progression ?

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Nathalie Arbour, chercheuse au Centre de recherche du CHUM (CRCHUM) et professeure au Département de neurosciences de l’Université de Montréal, avec les Drs Catherine Larochelle, Alexandre Prat, Pierre Duquette et Marc Girard, «traque» les molécules responsables de la sclérose en plaques (SEP) dans l’immensité du territoire cérébral.

Si les causes de cette maladie auto-immune sont encore mal comprises, les scientifiques savent que des dérèglements du système immunitaire «incitent» des lymphocytes T, des globules blancs responsables d’activer la défense du corps humain contre les infections, à s’attaquer à des tissus nerveux sains de l’organisme (cerveau et moelle épinière).

La maladie cible la myéline, gaine protectrice des fibres nerveuses, ce qui provoque de l’inflammation et entraîne finalement la détérioration de cette substance essentielle à la propagation de l’influx nerveux. La SEP cause des troubles invalidants de la vision, de la mémoire, de l’équilibre et de la mobilité dont la gravité et la durée varient.

En ce mois de sensibilisation à la sclérose en plaques, tour d’horizon des derniers travaux de recherche de Nathalie Arbour et de la Dre Catherine Larochelle menés sur cette maladie inflammatoire chronique.

Un fragile équilibre immunitaire

Dans leurs laboratoires, les deux scientifiques commencent toujours leurs recherches à partir d’observations faites sur les patients ou sur leurs tissus avant de les valider sur des modèles animaux. Cette approche les démarque d’ailleurs sur la scène de la recherche canadienne.

Dans le cadre de l’une de ses dernières études, Nathalie Arbour a observé que les lymphocytes T de patients réagissent beaucoup plus fortement à l’interleukine 15 (IL-15) que ceux de témoins sains.

Protéine produite par les globules blancs à la suite d’une infection ou d’une inflammation, l’IL-15 augmente notamment l’activation et la multiplication des lymphocytes T, et possède des propriétés pro-inflammatoires.

Lorsqu’elle et son équipe ont injecté de l’IL-15 à des souris atteintes d’une maladie qui ressemble à la sclérose en plaques, elles ont pu montrer que les rongeurs deviennent encore plus malades.

«Dans cette étude, nous avons eu accès à des échantillons de sang de patients qui avaient la forme progressive de la SEP et d’autres la forme cyclique. Cela nous a permis d’établir qu’il y avait des mécanismes immunologiques communs aux deux formes de la maladie qui pourraient être ciblés par des interventions thérapeutiques», dit Nathalie Arbour.
Des mécanismes complexes

Une autre protéine, l’interleukine 27 (IL-27), a aussi retenu son attention dans une seconde étude. Ses propriétés anti-inflammatoires ont déjà été démontrées chez des modèles animaux et elle a permis de diminuer la gravité de la maladie chez des souris.

Mais chez l’être humain, la biologie est plus complexe. Bien que la chercheuse ait observé une augmentation de la présence de l’IL-27 dans le cerveau de patients décédés de la sclérose en plaques, les capacités anti-inflammatoires de cette protéine semblent freinées par rapport à ce qu’on remarque chez des sujets sains.

Pour la Dre Catherine Larochelle, le fait de mieux comprendre, au travers de leurs travaux, les altérations du système immunitaire chez l’humain favorise à long terme la mise au point de traitements personnalisés qui permettront aux patients de retrouver un équilibre immunitaire et de vivre sans symptômes.
Une expertise reconnue

Depuis plus d’une décennie, les travaux des équipes de recherche fondamentale de Nathalie Arbour ainsi que des Drs Catherine Larochelle et Alexandre Prat sont reconnus à l’échelle internationale.

Au-delà de leurs expertises, leur succès s’est bâti sur l’étroite collaboration qu’ils entretiennent avec des neurologues hors pair de la clinique de sclérose en plaques du CHUM – le Dr Marc Girard et le Dr Pierre Duquette, lauréat du prix Bâtisseur du CRCHUM – et sur la qualité et la richesse des échantillons de leurs biobanques.

«Aujourd’hui, la qualité de nos données issues de la clinique de SEP et des travaux de recherche contribue à alimenter une grande base de données internationale qui réunit plus de 60 000 patients, explique la Dre Larochelle, professeure au Département de neurosciences de l’Université de Montréal. Cela nous permet de participer aux efforts globaux pour aider les cliniciens du pays et du monde entier à comprendre comment choisir le bon traitement au bon moment pour le bon patient.»

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